Ce que Jane Eyre doit à Charlotte Brontë
Avec The Secret History of Jane Eyre, John Pfordresher ajoute son nom à la longue liste de biographes qui ont tenté de discerner ce qui, dans Jane Eyre, était directement tiré de la vie personnelle de son auteure Charlotte Brontë et ce qui était le fruit de l’imagination de l’écrivaine. « Le fondement biographique sur lequel Charlotte a construit son travail est tellement considérable, soutient Pfordresher, que les lecteurs devraient voir Jane Eyre comme une autobiographie plutôt qu’une œuvre de fiction », commente The Economist.
L’auteur, professeur de littérature anglaise à l’université de Georgetown, montre que l’internat dans lequel le personnage de Jane est envoyé est directement inspiré de l’expérience traumatisante de Charlotte dans l’école de jeunes filles qu’elle a fréquentée. Ses deux sœurs aînées, Maria et Elizabeth, moururent suite aux mauvais traitements de l’institution. Quant à la romance qui lie la jeune gouvernante au riche M. Rochester, la romancière l’a écrite en s’inspirant de sa propre liaison amoureuse avec Constantin Heger, son professeur de français à Bruxelles.
L’originalité de l’ouvrage de John Pfordresher réside dans le paradoxe qu’il souligne. Depuis la publication de Jane Eyre sous un pseudonyme masculin, les lecteurs n’ont eu de cesse de découvrir qui se cachait sous le prête-nom de Currer Bell. Et pourtant, Charlotte Brontë n’aspirait qu’à « l’ombre protectrice de l’anonymat », comme elle l’écrivit dans l’une de ses lettres.
A lire aussi dans Books : Plaidoyer pour les biographies d’écrivains, octobre 2015.