Publié dans le magazine Books n° 26, octobre 2011. Par Richard Holloway.
Au moment où Darwin montre que l’homme est un animal comme les autres, de grands esprits de l’ère victorienne décident de recourir à l’occultisme pour essayer de démontrer l’existence d’une vie après la mort. Curieusement, cette quête d’une forme d’immortalité n’est pas sans lien avec l’eschatologie bolchevique et son cortège de massacres.
Dans
Blade Runner, le film de science-fiction de Ridley Scott, Rick Deckard, un officier de police en retraite incarné par Harrison Ford, est recruté pour traquer et « retirer » de la circulation des « réplicants », les androïdes qui travaillent comme soldats ou esclaves dans les colonies de l’espace. Pour les empêcher d’acquérir des émotions et des velléités d’indépendance, les réplicants sont conçus pour ne pas durer plus de quatre ans, et l’on redoute que certains se soient réfugiés sur la Terre, espérant trouver le moyen d’accroître leur espérance de vie. La Tyrell Corporation, l’entreprise qui les fabrique, les déclare « plus humains que l’humain ». Durant une visite d’investigation au siège de Tyrell, Deckard rencontre Rachael, interprétée par Sean Young, une réplicante expérimentale convaincue d’être humaine parce que les souvenirs de la nièce d’Eldon Tyrell ont été gravés dans sa conscience. Quand Deckard lui apprend qu’elle n’est pas qui elle croit être, Rachael est anéantie. Habituellement peu expressive dans son jeu d’actrice, Sean Young traduit parfaitement ...