Chasse au racisme littéraire au Brésil

Faut-il exclure de l’enseignement un célèbre conte pour enfants de 1933, dont certains passages infériorisent les Noirs ? Le débat oppose les militants antiracistes et les défenseurs de la littérature, qui dénoncent l’anachronisme de ce « politiquement correct ».

« Il n’y a pas d’autre moyen », se dit Tante Nastacia. « Alors, oubliant ses nombreux rhumatismes, elle grimpa, tel un macaque, jusqu’en haut du mât de São Pedro, avec tant d’agilité qu’elle semblait n’avoir jamais fait autre chose dans la vie que monter en haut des mâts. » Dans Caçadas de Pedrinho, de Monteiro Lobato, livre pour enfants publié en 1933, une vieille servante noire échappait ainsi à un dangereux félin. Seulement, voilà ! Depuis, le Brésil a changé. La frontière diffuse entre la réalité et la fiction, en l’espèce entre un préjugé racial bien enraciné et le champ de la littérature, a pris un caractère politique. Et l’écrivain pour la jeunesse le plus populaire du pays s’est retrouvé à titre posthume devant la Cour suprême. Jugé pour le racisme supposé de son livre, Lobato pourrait être condamné à voir sa publication désormais assortie d’un mea culpa, d’une sorte de mise au point historique. Dans la pire hypothèse, son œuvre pourrait être retirée du Programme national de la Bibliothèque des écoles (PNBE), l’organisme qui distribue des ...
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Les chasses de Pedrinho de Chasse au racisme littéraire au Brésil, Companhia Editora Nacional

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