Chasseurs de lecteurs

Sans auteur, pas de lecteur ; mais sans lecteur, pas d’auteur non plus. L’écrivain a besoin que son ouvrage parvienne devant des yeux potentiellement intéressés, et doit faire ce qu’il faut pour. Au besoin tout seul, comme Restif de La Bretonne, qui non seulement écrivait ses textes, mais les composait et les imprimait puis les distribuait avec sa brouette. Il fabriquait aussi son propre papier à partir d’affiches recyclées. Mais c’était pendant la Révolution… Dans l’Antiquité aussi, on fait tout soi-même, mais on en fait moins. On lit juste ses œuvres devant un cercle d’amis, ou on leur adresse des lettres, et les textes circulent ensuite par le bouche-à-oreille. Plus tard, avec l’avènement de l’imprimerie, on se met à vendre son travail à des « libraires » qui se chargent de tout mais gardent l’essentiel des gains éventuels pour eux. L’auteur, qui vise en général plus le prestige ou l’influence que le profit, ne s’implique guère que dans la promotion ­– en faisant des dédicaces sirupeuses, ou bien, comme Érasme, en sollicitant carrément le soutien des beaux esprits du temps. À la fin ...

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