Classique oublié aux États-Unis et méconnu en Europe,
The Irony of American History (« L’ironie de l’histoire américaine »), du théologien Reinhold Niebuhr, est réédité en anglais avec une préface d’Andrew Bacevich, ancien colonel devenu professeur d’histoire et de relations internationales à l’université de Boston. Niebuhr était un observateur aigu de la vie politique mais aussi un homme engagé. Il avait plaidé pour l’intervention des États-Unis dans la guerre contre l’Allemagne nazie et protesté contre Hiroshima. Farouchement anticommuniste, il s’était élevé contre les excès du maccarthysme. Paru en 1952, le livre mettait en garde son pays, parvenu au faîte de sa puissance, contre le risque que la tête lui tourne. Niebuhr voyait dans ses « rêves de diriger l’histoire » la source d’un danger potentiellement mortel pour les États-Unis, écrit le Britannique Brian Urquhart, ancien secrétaire général adjoint de l’ONU, dans la
New York Review of Books. Revenant sur les origines puritaines du « messianisme » américain, il évoquait « la tentation de croire que la validité universelle de ce que nous croyons justifie l’usage de la force pour l’é...