Comment Judas est devenu un héros

Après des siècles de stéréotypes, la représentation de l’apôtre le plus honni de la chrétienté fait sa révolution copernicienne à la Renaissance. Les artisans de ce changement ? Fra Angelico et le Caravage. Sous leur influence, l’âme damnée des Évangiles va peu à peu perdre les attributs de l’infamie. Être faillible, en proie au remords, le traître réintègre la communauté des hommes.

La prospérité économique qui s’est répandue par vagues depuis l’Italie à la fin du Moyen Âge entraîna de nombreuses autres évolutions, parmi lesquelles ce qu’on appelle aujourd’hui la Renaissance, un mouvement philosophique et culturel qui prit de l’élan à partir du XIVe siècle et eut pour principal point de départ la ville de Florence. De façon très générale, la Renaissance s’accompagna d’un nouvel optimisme touchant les possibilités de l’humanité et la capacité de l’homme, seul et collectivement, à être bon et à faire le bien. Cette mentalité contrastait avec l’obsession angoissée et sinistre du péché et de la damnation qui s’était emparée si efficacement de l’imagination de l’Église et de l’Europe médiévales. La Renaissance se caractérisait par un nouvel esprit de curiosité et d’indépendance intellectuelle. Il est tentant d’y voir une révolte contre le contrôle que le catholicisme exerçait sur tous les aspects de l’existence, néanmoins il serait plus juste de la considérer comme un desserrement du carcan, l’amorce d’une liberté de penser ...
LE LIVRE
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Judas de Peter Stanford, Fayard, 2016

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