De si charmantes plaintes
« Charmant », c’est l’un des mots les plus souvent utilisé par Marcel Proust dans les lettres qu’il envoie à sa voisine. L’autre terme particulièrement fréquent est « bruit ». Proust écrit pour se plaindre : du bruit de l’évier, du bruit des tapis qu’on bat le dimanche matin, du bruit des malles qu’on cloue…
Tous ces griefs et autres correspondances avec Mme Williams, sa voisine du dessus au 102 boulevard Haussmann, ont été réunies en un volume « Lettres à sa voisine », désormais traduit en anglais. Et les Anglo-saxons, pas moins proustologues que le reste du monde, adorent. Dans le magazine Harper’s, Christine Smallwood se délecte de ces missives toujours « charmantes », mais non moins ponctuées de remarques « passives agressives » et se demande si les désagréments de la vie en appartement n’ont pas pu inspirer l’auteur, « comme un ennemi valeureux qui incite à l’action ». « Letters to bis Neighbor, qui contient des notes écrites entre 1908 et 1918, est trop cher, remarque-t-elle cependant, 23 dollars pour deux douzaines des missives les plus courtes ! »
A lire aussi: Proust, sept lettres par jour, Books, mai/juin 2017.