De la peur à la Terreur

Un historien américain analyse la Terreur révolutionnaire de 1793-1794 à l’aune des émotions. De la peur en particulier, qui semble avoir justifié tous les excès.

Quand on regarde les chiffres de la Terreur, ils ne sont pas si terribles. Entre 1793 et 1794, le Tribunal révolutionnaire de Paris envoya 2 700 personnes à l’échafaud, et, à travers l’ensemble de la France, le gouvernement fut responsable de la mort de 30 000 à 40 000 personnes (ce qui inclut les exécutions plus ou moins sommaires et les décès dans les prisons, où les conditions de détention étaient souvent déplorables). Même en y ajoutant (ce qui est contestable) les morts de la guerre civile en Vendée, soit 250 000 à 300 000 personnes, on reste très en dessous des 1 500 000 victimes françaises des guerres napoléoniennes (sans compter les 4 millions de victimes à travers l’Europe). Très en dessous aussi, note Colin Jones dans The New York Review of Books, du nombre de morts causés par la traite des Noirs (plusieurs millions, là encore). Et pourtant c’est bien la Terreur, plus qu’aucune autre ­période de l’histoire de France, qui a laissé une empreinte d’effroi et d’horreur inégalée. Dans l’ouvrage qu’il lui consacre, le spécialiste américain de la Révolution française Timothy Tackett rappelle que ce qui ...
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Anatomie de la Terreur. Le Processus révolutionnaire (1788-1793) de Timothy Tackett, Le Seuil, 2018

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