Derrière les barreaux, des femmes fatales ?
Publié en février 2009.
En 1788, le First Fleet débarque à New South Wales, Australie, les premiers bagnards devant contribuer au peuplement de la colonie britannique. A son bord, un prisonnier sur cinq est une femme. C’est peu, du point de vue démographique, mais beaucoup au regard des statistiques pénitentiaires.
En 1788, le First Fleet débarque à New South Wales, Australie, les
premiers bagnards devant contribuer au peuplement de la colonie
britannique. A son bord, un prisonnier sur cinq est une femme. C’est
peu, du point de vue démographique, mais beaucoup au regard des
statistiques pénitentiaires. C’est suffisant, aux yeux de Nerida
Campbell, pour expliquer l’intérêt particulier que l’on porte sur
l’île-continent aux délinquantes du sexe dit faible. L’historienne a
comparé les représentations fantasmées des femmes criminelles
popularisées par le cinéma aux photos des détenues de la prison de Long
Bay entre 1914 et 1930. Si certaines ont revêtu pour l’occasion des
parures d’actrice, d’autres se montrent telles qu’elles sont, ravagées.
Ainsi cette « cocaïnomane à la peau crasseuse et sèche, l’arrête du nez
affaissée » que décrit Rosemary Neill dans le quotidien The Australian.
Contrairement au cliché hollywoodien de la « conspiratrice talentueuse
et maîtresse ardente », ces femmes ont pour la plupart été emprisonnées
pour vol, certaines pour avortement. La galerie n’est toutefois pas
dépourvue de figures romanesques. Comme cette figure de l’underground
australien des années 1920, célèbre pour avoir attaqué un homme au
rasoir, ou cette femme qui se fit passer une partie de sa vie pour un
homme et ne révéla sa véritable identité qu’après avoir été condamnée
pour le meurtre de… sa première épouse (il y en eut une seconde).
Fictives ou réelles, les femmes fatales se retrouvent au moins sur un
point. Elles nous attirent et nous répugnent, commente Campbell. Car
elles « démentent les stéréotypes de la femme passive, désintéressée
et maternelle ».