Données statistiques ? Mon œil !
Publié en mai 2025. Par Books.
On a vu récemment le cours de Wall Street faire une remontée spectaculaire au vu de bonnes statistiques sur le marché de l’emploi. Mais que valent-elles ? Comme le note The Economist dans un article récent, le Bureau of Labour Statistics a vu son budget amputé de 20 % depuis 2012, le taux de réponse des enquêtés est passé de 88 % à 69 % en une décennie et le biais idéologique des répondants est de plus en plus visible. Un peu partout dans les pays de l’OCDE la valeur des statistiques publiques est remise en cause. À quoi s’ajoute l’usage qu’en font les grands de ce monde, à commencer par les hommes politiques. Si cela vous amuse de savoir comment Gérald Darmanin gère sa relation aux statistiques, vous pouvez lire le chapitre qui lui est consacré par les auteurs de Politicians Manipulating Statistics. Il y a aussi un chapitre sur Boris Johnson et bien sûr un autre sur le champion poids lourds, Donald Trump.
Les auteurs sont des psychologues sociaux britanniques. Le statisticien américain Ole J. Forsberg fait l’éloge de leur livre dans Nature. Ce ne sont pas seulement les hommes politiques qui sont en cause mais d’une manière générale tous ceux qui sont « en situation de pouvoir et de responsabilité ». Connaissez-vous la loi de Campbell ? Elle a été formulée dans les années 1970 par le sociologue Donald Campbell : « plus un indicateur social quantitatif est utilisé pour la prise de décision, plus il est exposé à des pressions relevant de la corruption et plus il sera à même de fausser et corrompre les dynamiques sociales qu’il est censé aider à gérer ». Les auteurs détaillent en particulier quatre études de cas, dont trois récentes, en Chine, en Argentine et en Grèce.
Au positif, ils évoquent la création au Royaume-Uni en 2007 puis en France en 2009 d’une Autorité de la statistique publique, censée veiller au grain.