Interlude
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D’où vient le baccalauréat ?

Les heureux reçus au baccalauréat sont officiellement des chevaliers, selon l’étymologie généralement admise. Le baccalauréat est, en effet, une invention de François Ier. Le roi a institué, sous ce nom, un nouvel ordre de chevalerie pour les hommes de lettres et de science méritants. Maurice Tournier, chercheur en sciences du langage, ne se contente pas de cette explication. Il retrace, dans un article paru en 1991 dans la revue Mots, les histoires de ce terme.

Au commencement était le baccalarius. Ce petit propriétaire d’exploitations viticoles était ainsi nommé en raison de son lien avec Bacchus, rappelle Pierre Guiraud dans son Dictionnaire des étymologies obscures. En ancien français, baccalarius deviendra bacheler puis bachelier. Un terme dont le sens évoluera peu peu pour désigner, à l’époque de La chanson de Roland, un jeune chevalier ou noble, puis au Moyen-Âge tout jeune homme libre, et non marié ( sens qui s’est perpétué dans le bachelor anglais).

En parallèle, les collèges de Jésuites reprennent au XVIe siècle la coutume latine des bacca laurea ou bacca lauri, qui consiste à ceindre de laurier le front du jeune homme que l’on veut récompenser. Entre les XVIe et  XIXe  siècles, bachelier et baccalauréat en viennent à se confondre. Le premier perd peu à peu son idée de liberté, jusqu’au décret du 17 mars 1808. Celui-ci fonde l’Université impériale et le diplôme qui y donne accès : le baccalauréat, dont les détenteurs sont les bacheliers.

Reste un problème, soulève Maurice Tournier : comment baccalauréat et bachelier ont-ils convergé pour désigner une même réalité ? L’une des hypothèses relevées par le chercheur est la hiérarchie. Le bachelier est au bas de l’échelle de la chevalerie, au bas de celle de sa profession (jusqu’en 1789, le bachelier servait d’adjoint au syndic d’une corporation) et est donc au premier niveau de la hiérarchie universitaire. Le bac, et son étymologie, conservent leur part de mystère. Mystère partagé par les candidats au moment de découvrir le verdict.

LE LIVRE
LE LIVRE

Dictionnaire des étymologies obscures de Pierre Guiraud, Payot, 2006

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