Du feu de Dieu
Publié dans le magazine Books n° 50, janvier 2014.
« Peintre, poète et apothicaire », Louis Cattiaux voyait des messages au-delà de la matière.
Quand, un matin de l’hiver 1952, Louis Cattiaux – que sa carte de visite disait « peintre, poète et apothicaire » – entra dans l’église Saint-Martin de Limal, en plat pays wallon, il observa un instant l’autel, puis se dirigea vers le poêle qui chauffait la basilique et tomba à genoux devant le brasier. Là, sous les yeux ébahis de sa famille, sans le moindre égard pour la croix ni les objets liturgiques du lieu, il est resté incliné, adorant les flammes dans lesquelles se consumait l’image de cette fureur divine qui traverse toutes les religions, et dont il retrouvait le symbole dans l’incandescence du feu. Le Catalan Raimon Arola, historien de l’art, explore les liens étranges que le peintre français tissa entre la création artistique et le symbolisme. « Fou ou visionnaire, fasciné par l’alchimie, converti comme Huysmans au catholicisme », écrit Ivan Pintor dans le quotidien La Vanguardia, Cattiaux débarque à Paris en 1932. « Il a tout juste 28 ans et crée, avec le ...