« Écoute la rue, Marianne ! »

À première vue, la thèse de Robert Castel sur les banlieues donne l’impression de botter en touche, écrit Tania Martini dans le Tageszeitung. Le soulèvement des cités en 2005 vu comme partie d’un problème général, celui de la nouvelle pauvreté… En fait, le sociologue français analyse avec finesse comment se combinent les questions ethniques et les enjeux sociaux pour constituer ce qu’il nomme la « discrimination négative ». La désindustrialisation et la raréfaction des emplois peu qualifiés rendent la formation encore plus impérative tandis qu’il est plus difficile d’y accéder lorsqu’on est d’origine maghrébine ou subsaharienne. Les banlieues jouent, dans la société postindustrielle, le même rôle que le prolétariat dans la société industrielle ou le vagabondage dans la société préindustrielle : celui de classe dangereuse. Incarnation de l’insécurité, elle devient le lieu vers lequel la société évacue ses conflits internes. « Écoute la rue, Marianne ! », apostrophe Tania Martini qui adopte la conclusion de Robert Castel en faveur d’une vraie politique des quartiers et d’un effort de formation. « La banlieue ...

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