Éloge de la vieillesse
Publié dans le magazine Books n° 11, janvier-février 2010.
Un octogénaire peut raisonnablement prévoir de vivre encore trois ans. Et trois années de vie ne suffisent-elles pas à tous les projets d’un homme sage ? Extrait d’ Histoire Naturelle, de Buffon.
Nous avons dit qu’une raison pour vivre est d’avoir vécu, et nous l’avons démontré par l’échelle des probabilités de la durée de la vie ; cette probabilité est à la vérité d’autant plus petite que l’âge est plus grand, mais lorsqu’il est complet, c’est-à-dire à 80 ans, cette même probabilité, qui décroît de moins en moins, devient pour ainsi dire stationnaire et fixe. Si l’on peut parier un contre un qu’un homme de 80 ans vivra trois ans de plus, on peut le parier de même pour un homme de 83, de 86, et peut-être encore de même pour un homme de 90 ans. Nous avons donc toujours dans l’âge, même le plus avancé, l’espérance légitime de trois années de vie. Et trois années ne sont-elles pas une vie complète, ne suffisent-elles pas à tous les projets d’un homme sage ? Nous ne sommes donc jamais vieux si notre morale n’est pas trop jeune ; le Philosophe doit dès lors regarder la vieillesse comme un préjugé, comme une idée contraire au bonheur de l’homme […]
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