Publié dans le magazine Books n° 32, mai 2012.
Les historiens ont abondamment traité des conséquences humaines de la découverte de l’Amérique, mais on connaît moins celles, considérables, qu’elle eut sur les écosystèmes.
Imaginez un enfant né au moment même où Christophe Colomb foulait pour la première fois le sol américain, propose Dominic Sandbrook dans le
Sunday Times : « Il voit le jour dans un monde dont les deux hémisphères s’ignorent encore totalement. Mais s’il vit assez longtemps, il pourra constater que des marchands espagnols importent de la soie d’Asie via le Mexique ; que des habitants de La Mecque, Madras ou Manille attendent impatiemment les cargaisons de tabac venu des Antilles ; ou encore que des marins hollandais échangent des coquillages des Maldives contre des esclaves angolais. »
Cette circulation sans précédent d’hommes, de plantes, mais aussi d’animaux et de maladies, au lendemain de la découverte de l’Amérique, a été théorisée dans les années 1970 par un historien américain, Alfred W. Crosby, sous le nom d’« échange colombien ». Un concept que Charles C. Mann a entrepris d’enrichir des apports les plus récents de l’historiographie, mais aussi ceux de l’économie, de la géologie et de l’immunologie. Ce journaliste chevronné était déjà l’auteur ...