Inattendu
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Et si le « smiley » était français ?

Remplacer le mot « smiley » par « frimousse », « hackers » par « fouineurs » et « spam » par « arrosage » : telle est la préconisation officielle du gouvernement, en ces temps de forum économique de la francophonie à Dakar. Face à l’anglais, le « bon français » semble perdre toujours plus du terrain. Mais pendant des siècles, c’est l’inverse qui s’est produit. Jon-Kris Mason rappelle les étapes de cette guerre lexicale, dans cet article paru dans Books en décembre 2010.

Pour nous autres Anglais, la conquête normande n’a presque aucun secret. Nous sommes fiers d’y voir le dernier exemple d’invasion réussie de l’Angleterre. La date emblématique, 1066, a coulé dans le lait de notre mère. Bouche bée, le souffle coupé, les enfants continuent de se voir raconter, à la maison ou en voyage scolaire à Bayeux, l’histoire du roi anglo-saxon Harold, tué d’une flèche dans l’œil à la bataille de Hastings (1). Mais même si la psyché anglaise a intégré dans son subconscient l’idée que le féodalisme et une classe dirigeante francophone – clergé, noblesse, marchands et administrateurs – sont alors venus se superposer à la société anglo-saxonne, la question linguistique reste, elle, curieusement camouflée. Personne ne reconnaît vraiment – chuchotez-le ! – qu’autrefois les Anglais parlaient français.

Et de fait, c’est toujours le cas. Telle est la thèse du livre de Thora van Male, Liaisons généreuses, qui observe avec un humour irrévérencieux et pince-sans-rire « la prodigieuse influence de la langue française sur l’anglais ». Van Male s’intéresse tout particulièrement aux emprunts de vocabulaire, plutôt qu’à la syntaxe ou l’orthographe, et elle ouvre son ouvrage sur la manière dont les premières dettes furent contractées. Elle regroupe les mots empruntés au français par grandes thématiques [les mots à connotation sexuelle, les faux amis, les mots du snobisme, etc.], une structure qui permet au lecteur de revenir autant qu’il le souhaite au chapitre le plus instructif ou le plus amusant à ses yeux. Et il y a matière à se divertir, surtout quand l’auteur compare directement les termes anglais à leur équivalent français. Si a pride of lions (une troupe de lions) perd quelque peu à être traduit par « un orgueil de lions » (pride voulant aussi dire orgueil), il est assez réjouissant de comparer l’anglais bookworm (littéralement « ver de livre ») au français « rat de bibliothèque ». L’étude de van Male saisit l’influence française à travers des mots, des expressions, des proverbes anglais, ainsi que dans ces vocables qui ont fait le voyage de retour en France, à l’instar de « budget » [venu du français « bouge » désignant une bourse de cuir]. Mais ces derniers cas sont peu nombreux. L’influence linguistique fut incontestablement plus forte et durable dans le sens sud-nord de la traversée de la Manche.

« Influence », cependant, ne rend guère justice au rôle joué par le français dans l’évolution de l’anglais. La colonisation normande greffa en effet sur le vieil anglais le code génétique du français (d’abord le franco-normand, puis ce qu’on appelle le français « parisien »), le résultat étant cet hybride latino-teutonique aujourd’hui connu sous le nom d’« anglais moderne ». Tout au long des XIIe et XIIIe siècles, les langues de la cour, de l’Église, de la justice, du commerce et de l’administration furent le français et le latin. À leur contact, l’anglais se transforma peu à peu, nombre de ses caractéristiques germaniques étant abolies ou modifiées (2). Fort d’une syntaxe remodelée par le latin, mais ayant conservé son fonds anglo-saxon expressif, l’anglais devint souple et malléable, doté d’une capacité à assimiler les mots étrangers sans doute inédite dans l’histoire des langues (3).

Le processus qui suivit la conquête créa une puissante entité linguistique, dotée d’un énorme appétit pour absorber tout ce qu’elle pouvait. Si l’anglais jouit aujourd’hui d’une influence et d’une portée sans rivales dans le monde, comme première ou seconde langue, les Français peuvent se réconforter, assure van Male, puisque c’est au français que l’anglais, dans ses moments de plus haute clarté et force d’évocation, doit sa « majesté ». Sans le français, affirme van Male, l’anglais ne posséderait pas « ses mille et un synonymes, qui permettent l’introduction d’autant de nuances et de richesses dans l’expression ». Et, au grand dam de nombreux commentateurs au fil des siècles, elle a parfaitement raison.

La crainte que l’anglais disparaisse

Les lecteurs d’Ivanhoé, ce roman culte paru en 1819, où Walter Scott décrit les hauts faits de la chevalerie dans l’Angleterre normande, se souviennent peut-être de la remarque de Wamba, le bouffon saxon, sur l’anoblissement linguistique de la chair animale quand celle-ci est dressée sur une table normande : « Ce vieil édile Ox, il continue à porter son nom saxon tant qu’il est sous la garde de serfs et d’esclaves tels que toi ; mais il devient Beef, c’est-à-dire un fougueux et vaillant Français, quand on le place sous les honorables mâchoires qui doivent le dévorer ; Monsieur Calf aussi devient Monsieur de Veau de la même façon ; il est Saxon tant qu’il requiert nos soins et nos peines et prend un nom normand dès qu’il devient un objet de régal (4). »

Dans l’atmosphère angoissée de notre ère postcoloniale, faire passer la ligne de fracture linguistique entre « maîtres et valets » est sans doute plus évocateur que jamais. Mais, même si le bouffon de Scott déplore, nostalgique, l’érosion de la culture et de la langue anglo-saxonnes, ce n’est probablement pas au lendemain immédiat de la conquête que la résistance à l’invasion du français atteignit son apogée. Van Male observe que la fusion de la langue et de l’identité nationale ne se produisit pas avant le XIIIe ou le XIVe siècle. C’est alors seulement qu’apparut pour la première fois depuis la conquête un fossé linguistique entre les classes dirigeantes d’origine française et anglaise. L’arrivée, à la fin du XIIIe siècle, des premiers textes conçus pour apprendre le français aux enfants de la noblesse anglaise atteste qu’il n’était plus leur langue maternelle. La longue hostilité entre la dynastie des Plantagenêts, qui régnait sur l’Angleterre, et les descendants de Philippe Auguste à propos des territoires anglais sur le continent [les duchés de Normandie et d’Aquitaine et le comté d’Anjou] favorisa la transformation de la langue en emblème de la nation. En 1295, dans une lettre célèbre à ses barons, Édouard Ier d’Angleterre jurait de combattre la « détestable ambition » de Philippe le Hardi « de balayer complètement la langue anglaise de la surface de la Terre ». Le taux d’emprunt de l’anglais au français atteignit néanmoins son sommet au cours du siècle qui suivi (5).

Cela étant, la lettre d’Édouard Ier était en latin, pas en anglais. Le lien entre une nation et sa langue vernaculaire, qui nous semble aujourd’hui aller de soi, ne s’est tissé qu’à partir du XVIe siècle, quand la Réforme fit disparaître de la vie quotidienne non le français mais le latin (van Male remarque à ce propos que les lexicographes ont bien du mal à déterminer l’origine française ou latine d’un mot anglais). Il faudra cependant attendre le XVIIIe siècle pour voir la politique et le patriotisme commencer de l’emporter sur les impératifs linguistiques ou stylistiques : dans une Grande-Bretagne se transformant en superpuissance européenne, le taux d’emprunt plongea alors à son niveau le plus bas depuis la conquête.

La restauration sur le trône du très francophile Charles II, en 1660, avait inauguré une nouvelle ère d’emprunt au français (6). Jusque-là, les termes importés étaient « anglicisés » : leur orthographe, leur prononciation et leur accentuation étaient modifiées, conformément aux formes anglaises en vigueur. Pour marquer la différence, van Male distingue les « mots français » des « mots d’origine française », les premiers conservant leur essence française quand les autres devenaient des emprunts plus ou moins « invisibles ». Elle prend pour pierre angulaire de sa démonstration John Dryden, éminent représentant des lettres anglaises de cette époque de la Restauration. Car Dryden se plaignait de la grossièreté barbare de l’anglais anglo-saxon monosyllabique, tout en se moquant dans ses pièces de l’usage excessif du français dans la société élégante.

Interdire les expressions françaises

Il existe en anglais un dicton : If you can’t beat them, join them [« Si vous ne pouvez pas les vaincre, rejoignez-les »]. Alors que l’Angleterre libérale et licencieuse de la Restauration avait voulu rejoindre ses homologues français en imitant leur société et en employant leur langue, l’Angleterre plus austère et ombrageuse du XVIIIe siècle entendait vaincre les Français. Daniel Defoe, le père de Robinson Crusoé, se désolait ainsi : « Un Anglais a la bouche pleine d’expressions empruntées […]. Il emprunte continuellement aux langues des autres. » Et Joseph Addison, cofondateur du très influent magazine The Spectator, milita pour la création d’une version anglaise de l’Académie française « pour interdire que des expressions françaises deviennent courantes dans le royaume, quand celles que nous créons nous-mêmes valent tout autant ». Jonathan Swift, l’auteur des Voyages de Gulliver, reflétait également l’air de son temps lorsqu’il déplorait la « licence arrivée avec la Restauration qui, après avoir infecté notre religion et nos mœurs, en est venue à corrompre notre langue ». Dans toute l’Europe d’alors, les communautés politiques se soudaient et se développaient autour de l’imprimé, et l’Angleterre ne faisait pas exception à la règle (7). On ne dira jamais assez le rôle que jouèrent dans la vie publique les périodiques, pamphlets et autres traités, cette domination de l’imprimé attirant l’attention sur la nature du langage : comment communiquons-nous, et comment voulons-nous communiquer ?

De ce point de vue, le débat qui a lieu aujourd’hui dans le monde francophone sur le choix des mots « e-mail » ou « courriel » rappelle fort ceux qui agitaient l’Angleterre du XVIIIe siècle à propos du lexique de la technologie militaire. Alors que l’anglais américain domine aujourd’hui le vocabulaire de l’information et de la communication, la supériorité du génie militaire français se reflétait alors dans la prépondérance des termes français adoptés par les Anglais dans ce domaine. Mais, dans le contexte de la série de victoires que l’Angleterre remporta à l’époque sur la France, certains eurent plus de mal à l’accepter. The Spectator était indigné de voir qu’en pleine guerre de Succession d’Espagne « nos guerriers s’emploient activement à propager la langue française, alors qu’ils se couvrent de gloire en écrasant cette puissance (8) ». Un demi-siècle plus tard, lors de la guerre de Sept Ans qui ravagea l’Europe et le monde entre 1756 et 1763, l’éminent Edmund Burke maudissait l’usage des mots « cordon », « coup de main » et « reconnoitre (9) » : « Notre tâche se borne à les vaincre, et nous pouvons le faire en bon anglais. […] Nous supplions donc humblement que les mots français, tout comme le costume et les manières de France, soient mis de côté, du moins pendant la durée du présent conflit, car si leur langue et leurs coutumes s’abattaient sur nous, nous risquerions d’apprendre par leur exemple, le jour de la bataille, à f—te [sic] le camp. » Les Anglais se régalaient de ces insinuations ironiques sur la pusillanimité des Français.

Van Male définit trois sortes de mots d’emprunt : les remplaçants, les synonymes et les mots désignant une chose ou une idée nouvelle. Au XVIIIe siècle, les termes des deux premières catégories firent l’objet de la plus vive attention critique, considérés comme des étrangers indésirables et vigoureusement traqués. L’orthodoxie dominante avait changé, la simple synonymie ne suffisait plus à justifier l’emprunt. Alors que le monosyllabisme sec de l’anglais avait été condamné par Dryden à la fin du XVIIe siècle, il était, pour les yeux et les oreilles du XVIIIe, signe de force, d’honnêteté et de sens. Alors que l’élégance des mots polysyllabiques français avait été admirée et imitée, elle devint le bâton avec lequel battre l’ennemi d’outre-Manche. Avec une précision et une bienséance toutes georgiennes, on accusa l’éclat esthétique et euphonique du français de masquer l’imprécision, la frivolité et le manque de sens (10). Les emprunts (en particulier les mots non anglicisés) devaient donc, pour justifier leur intégration au vocabulaire anglais, être capables d’exprimer quelque chose d’inédit. Hélas ! pour Edmund Burke, « reconnoitre » [reconnaître au sens militaire] et « cordon » [aussi bien au sens de cordon-bleu que de cordon de police] sont devenus partie intégrante de l’anglais quotidien, alors que « coup de main » a fini par céder la place au français anglicisé « surprise attack ».

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La langue de la galanterie

Mais l’Angleterre du XVIIIe siècle adorait pécher par excès de critique, et la simple existence de cette rhétorique antifrançaise témoigne de l’emploi notoire que l’on faisait alors de mots français non assimilés. Comme Walter Scott le relèverait plus tard, le français était resté le « dialecte élégant » de la bonne société georgienne. Avec une énergie et un humour appropriés, van Male montre que le français a fourni à l’anglais bon nombre d’euphémismes pour désigner les écarts de conduite, sexuels ou moraux. C’est dans l’Angleterre « georgienne » que fut scellé le lien que fait l’esprit anglais entre la prétendue pauvreté morale des Français et la souplesse éthique de leur langue lorsqu’il faut poliment dissimuler une inconvenance. Un romancier qualifiait gallantry, intriguing et coquetting de « mots édulcorants », empruntés dans le but d’atténuer ou de faire oublier le comportement licencieux.

La Révolution française, comme l’observerait Burke, modifia l’attitude anglaise à l’égard de nombreux termes d’origine française. Des mots anglicisés comme people, citizen et liberty se chargèrent de connotations révolutionnaires, et ces nuances politiques persistent aujourd’hui. En outre, alors même que l’on continuait de faire consciemment usage de termes français et que l’emprunt de nouveaux mots avait plutôt tendance à augmenter, le français perdit un peu de son prestige au XIXe siècle. Les écoles privées chic remirent les langues mortes au cœur de l’éducation des jeunes gens, et le français fut de plus en plus envisagé comme une langue seyant aux seules jeunes filles. Il a, depuis, progressivement perdu cette connotation sexuée, pour retrouver son association première avec la classe sociale. Van Male explique à juste titre que le français continue à être synonyme de tout ce qui est olé-olé ; mais le français est aussi, sous sa forme originelle ou anglicisée, la langue par excellence des anglophones désireux d’élever leur élocution au-dessus de ces monosyllabes brefs et ordinaires qui ont été l’objet au fil des siècles d’un tel déplaisir chez les snobs.

La culture populaire anglo-saxonne d’aujourd’hui tire grand profit de la forme non anglicisée des emprunts au français. Des mots utilisés de travers par de sympathiques personnages de fiction soulèvent l’émotion. L’usage conscient et superflu de termes français permet d’épingler la prétention. Enfin, l’usage décontracté et correct d’un mot emprunté au français peut être la marque de la courtoisie et du raffinement d’un individu cultivé et nanti. Ce que montre bien le livre instructif et souvent distrayant de van Male, c’est que la dette de l’anglais envers le français est bien plus grande que nous ne le pensons aujourd’hui, de ce côté-ci de la Manche.

Hélas ! la connaissance du français parmi les écoliers anglais a nettement décliné au cours de la dernière génération. La possibilité de comprendre la relation stimulante, dynamique, unique qui lie nos deux langues se perd presque toujours sans l’occasion d’apprendre le français, et l’écolier anglais est particulièrement mal loti à cet égard. Lorsque van Male écrit que l’anglais doit beaucoup de sa « majesté » au français, elle ne parle pas seulement de mots et d’expressions. En fusionnant avec l’antique dialecte franco-normand, l’anglais a pu renaître sous la forme d’une langue flexible et accueillante, tolérante, et même désireuse de recevoir des apports étrangers. Ce cosmopolitisme linguistique n’a pas seulement fourni aux anglophones la base d’un questionnement linguistique et philologique tout au long des siècles, il a aussi établi un lien concret entre les îles Britanniques et le continent pendant près d’un millénaire. Que dans notre esprit le français véhicule toujours l’idée de prestige signe l’héritage inestimable qu’il représente dans la langue anglaise.

 

Notes

1| C’est à Bayeux que l’on peut admirer la célèbre tapisserie retraçant la conquête de l’Angleterre par Guillaume de Normandie.

2| Selon Jean-Marc Chadelat, cité par Thora van Male, l’anglais compterait environ 85% de termes d’origine française ou latine.

3| D’un point de vue technique, l’anglais a ainsi perdu son caractère de langue « à inflexions » pour devenir une langue « analytique », et perdu de ce fait sa capacité à former des mots composés d’origine germanique. [Note de l’auteur.]

4| Ivanhoé, d’après la traduction d’Alexandre Dumas (1820).

5| La dynastie des Plantagenêts, qui régna sur l’Angleterre de 1154 à 1399, était elle-même d’origine française (plus précisément de l’Anjou) et posséda longtemps presque plus de territoires sur le continent qu’en Angleterre.

6| En 1649, la République (Commonwealth) avait été instaurée par Cromwell, après l’exécution du roi Charles Ier. Le fils de ce dernier, Charles II, qui était par sa mère, Henriette de France, petit-fils d’Henri IV, vécut en exil en France et en Hollande, avant d’être rétabli dans ses droits en 1660.

7| L’auteur fait ici notamment référence au travail de l’historien Benedict Anderson sur le rôle de l’imprimé dans la formation de l’identité nationale, thèse qu’il développe dans son livre majeur, L’Imaginaire national (La Découverte, 2000).

8| La guerre de Succession d’Espagne opposa de 1701 à 1714 la France à une coalition européenne au sein de laquelle l’Angleterre joua un rôle essentiel.

9| Edmund Burke s’est rendu célèbre pour sa farouche opposition à la Révolution française. Il est considéré comme l’un des pères du courant conservateur anglo-saxon.

10| L’époque georgienne s’étend de 1714 à 1837, dates entre lesquelles quatre souverains prénommés George se succédèrent sur le trône d’Angleterre.

LE LIVRE
LE LIVRE

Liaisons généreuses. L’apport du français à la langue anglaise de Thora van Male, Arléa, 2010

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