Lu d'ailleurs
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La femme qui voulait être roi

Pour Sade, elle était la plus « cruelle des femmes ». Elle faisait non seulement tuer ses amants, mais réduisait en bouillie toutes les femmes enceintes de moins de trente ans. Pour Hegel, son comportement éminemment masculin était la preuve que l’Afrique ne faisait pas partie de l’Histoire. Aujourd’hui en Angola, elle est célébrée comme la mère de la nation. Njinga du Ndongo (le royaume qui a précédé la création de l’Angola) est une reine trouble qui a donné autant de fil à retordre aux colons portugais qu’à ses biographes.

Le personnage qui émerge du dernier livre de l’historienne Linda Heywood « est quelqu’un qui a essayé de résister avec courage à l’impérialisme portugais, mais qui était aussi prête à trahir sa culture et à livrer des dizaines de milliers de ses sujets pour assurer sa survie », écrit David Gelber dans The Literary Review de Londres. Pendant les 39 ans de son règne, à partir de 1624, elle essaye tour à tour de négocier avec les envahisseurs portugais, de les repousser militairement, de faire alliance avec les Néerlandais et de se convertir au christianisme pour obtenir la paix. Et pour se donner plus de poids face à ses ennemis, elle se donne le titre de roi et agit en homme. Elle mène ses soldats sur le champ de bataille et s’entoure de concubins habillés en femme.

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LE LIVRE
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Njinga of Angola. Africa’s Warrior Queen de Linda M. Heywood, Harvard University, 2017

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