Le mot
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Glamour


Photo Thomas Bonte

Après « cinéma », c’est le mot qui colle le plus à Cannes, sa croisette, son tapis rouge et ses starlettes : « glamour ». Malgré ces amours provençales, le glamour n’a rien de français à l’origine (ou presque). Stephen Gundle, dans Glamour: a History, déniche la première occurrence littéraire de ce mot (à qui certains prêtent la même racine que « grammaire »), dans un texte de Walter Scott, Le lai du dernier ménestrel. Le poète y utilise ce terme d’origine écossaise, qui exprime l’idée d’un « pouvoir magique » capable, explique Gundle, de magnifier par l’illusion tout objet ou personne ; pour en donner une image sans rapport avec sa nature réelle.

Aux yeux de Gundle, professeur de cinéma à l’université de Warwick, l’affirmation de ce pouvoir a aussi un goût de revanche, celle de la bourgeoisie sur l’aristocratie. Le glamour comme phénomène social apparaît véritablement, selon lui, à la fin du XVIIIe siècle en France et en Angleterre. Il naît à la fois des idées des Lumières, de l’affaiblissement de l’aristocratie et de l’industrialisation. Quand la population, et notamment la bourgeoisie, s’approprie les objets, attributs, styles de vie et traditions de l’aristocratie mises pour la première fois sur la place publique. Le commerce et l’envie feront le reste, créant cette manière d’être qui n’est synonyme ni de beauté, ni d’élégance, mais d’un mélange déconcertant de « classe et de débauche » qui défie les notions élitistes de décorum et de bon goût. Ainsi, pour Gundle, la première incarnation du glamour n’est pas Marie-Antoinette (aristocrate impopulaire), mais Napoléon, le parvenu qui a créé son propre mythe.

LE LIVRE
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Glamour : A History de Stephen Gundle, Oxford University Press, 2009

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