Heureux les somnambules !

Ce sont bien les gouvernements de Vienne et de Berlin qui ont transformé la crise du début de l’été 1914 en épreuve de force. La réception enthousiaste réservée par les Allemands à la thèse des « somnambules », qui atténue la responsabilité du Reich, est le reflet malsain d’une ambition de puissance retrouvée.

Il lui fallait « de nouveau cracher dans la soupe » : c’est en ces termes que Rudolf Augstein, le fondateur de l’hebdomadaire Der Spiegel, s’adressait à ses lecteurs en mars 1964, à l’occasion du cinquantième anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale. À l’école, on leur avait appris qu’elle était « née d’un malheureux enchaînement de circonstances » et que les puissances européennes – pour reprendre le mot célèbre du Premier ministre britannique Lloyd George – s’étaient laissées « basculer dans la guerre » [lire l’article de Robert Messenger]. Mais, au vu des « recherches les plus récentes », il ne pouvait plus être question de cela : « Les deux guerres mondiales étaient des guerres allemandes avec pour enjeu l’hégémonie en Europe et la première place dans le monde. L’Allemagne les a risqu&...

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Les Somnambules de Heureux les somnambules !, Flammarion

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