Les humains n’ont qu’un testicule
Publié le 14 avril 2017. Par Olivier Postel-Vinay.
« Il y a trois formes de mensonge, aurait dit Benjamin Disraeli, le premier ministre de la reine Victoria : les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques ». Un siècle et demi plus tard l’irrésistible inflation des données et l’expansion concomitante des statisticiens professionnels et amateurs ont définitivement placé la discipline au centre de la vie publique et médiatique. Le neuroscientifique Daniel Levitin exploite son talent d’ancien humoriste professionnel pour illustrer les pièges et les risques associés à l’emploi inconsidéré de « faits » statistiques présentés comme significatifs. « En moyenne, l’humanité n’a qu’un testicule », cite avec ravissement The Economist. Autre perle : « Depuis 35 ans que les lois contre la marijuana ont cessé d’être appliquées en Californie, le nombre de fumeurs de marijuana a doublé tous les deux ans ». Calculez : s’il n’y avait qu’un seul fumeur au départ, cela en ferait plus de 17 milliards aujourd’hui. Le problème est moins la naïveté du public et des journalistes face aux statistiques que l’instrumentalisation de cette naïveté par des acteurs intéressés. Sans compter la naïveté coupable de certains experts, « qui peuvent produire des statistiques biaisées sans s’en rendre compte ».