Ils vomissaient du sang et des plumes

Plus imaginatifs que la petite fille possédée de L’Exorciste, les démoniaques d’autrefois ne se contentaient pas de vomir de la bile. Ils crachaient aussi des crapauds, des anguilles et des pièces de monnaie. Les trois quarts étaient des femmes et la grande majorité des catholiques, dont la délivrance était un véritable spectacle à la gloire de l’Église. Était ? La pratique est vivace chez les pentecôtistes et 500 000 Italiens consultent chaque année un exorciste. Mais de quoi ce phénomène est-il le nom ?

Les cas de possession démoniaque étaient légion dans l’Europe prémoderne. Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants parlaient dans une langue qu’ils ne connaissaient pas et lacéraient leur propre chair en proférant blasphèmes et jurons. Ils vomissaient pêle-mêle, et en abondance, des clous, des épingles, du sang, des plumes, des pierres, des pièces de monnaie, du charbon, des excréments, de la viande, du tissu et des cheveux. Ils grognaient et aboyaient comme des bêtes. Certains étaient agités de convulsions, restaient suspendus en l’air ou manifestaient une force physique surnaturelle. Ils avaient les yeux exorbités, leurs membres se raidissaient, leurs visages se déformaient affreusement, leur gorge et leur ventre enflaient monstrueusement. Certains entraient en transe et prédisaient l’avenir ou perçaient à jour des secrets dont on comprenait mal qu’ils puissent les connaître. Vers la fin du XVIIe siècle, un frère franciscain extirpa un gros crapaud de la bouche d’une possédée, tandis qu’un jeune Écossais faisait exécuter à sa tête un demi-tour complet, exploit toutefois moins impressionnant que celui réalisé par ...
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Le démon intérieur de Ils vomissaient du sang et des plumes, Yale University Press

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