L’invention des Phéniciens

Ces formidables marins et marchands de l’Antiquité n’ont jamais existé en tant que nation. Ils relèveraient largement de la construction historique.


© Fran Monks

N'en déplaise à Ernest Renan, la Phénicie n'a jamais existé, montre l'historienne de l'Antiquité Josephine Crawley Quinn.

Une grande et mémorable exposition consacrée aux Phéniciens eut lieu en 1988 au ­Palazzo Grassi, à Venise. Organisée sous la direction de l’orientaliste ­Sabatino ­Moscati et financée par Fiat, elle marqua la culmination d’une certaine ­approche historique à propos de ce peuple, l’un des plus fascinants de l’Antiquité puisqu’on lui attribue l’invention de l’alphabet (auquel les Grecs ne feront qu’ajouter les voyelles) et d’audacieuses explorations maritimes.   Avant les Phéniciens, personne n’avait osé lancer ses navires et commercer aussi loin en Méditerranée : depuis leurs villes de Tyr et de Sidon, ils gagnèrent Carthage, l’Espagne et peut-être l’Atlantique (on en a même fait les ancêtres des Irlandais et les bâtisseurs du site magalithique de Stonehenge, en Angleterre).   Certains mauvais esprits purent dire à l’époque que Sabatino Moscati avait « inventé » les Phéniciens et que Gianni ­Agnelli (alors PDG de Fiat) les avait « fabriqués ». L’exposition suggérait, en effet, qu’on avait bien affaire à un peuple conscient de lui-même. Cette idée d’une nation disposant d’une identité ethnique cohérente remonte à l’ouvrage que ...
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À la recherche des Phéniciens de Josephine Crawley Quinn, La Découverte

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