« Je sens des désirs infinis de l’aimer »

En août 1953, le poète espagnol José Fernández Arroyo se prépare enfin à rencontrer Edelgard, l’Allemande avec laquelle il entretient depuis quatre ans une incroyable relation d’amour épistolaire. Un récit bouleversant de ce moment où rêve et réalité s’entrechoquent.

Flensburg, 20 août 1953 ! - Le train filait dans la nuit à grande vitesse. Des gens bizarres partageaient avec moi le compartiment, des gens qui ne parlaient pas et s’endormaient tout à coup en dodelinant de la tête contre le dossier. Les kilomètres s’enfuyaient rapidement dans la nuit. À chaque instant je m’éloignais un peu plus de mon pays et chaque kilomètre me rapprochait de la réalité de mon rêve. Ce sentiment de réalité, de certitude incontestable, me causait inquiétude et peur… Puis je me suis moi aussi endormi. À mon réveil se levait un jour plombé d’un brouillard gris et d’une tristesse diffuse. Les pensées, les songeries, les souvenirs et même les craintes languissaient au rythme du train. La brume de la matinée s’était infiltrée en moi. Mais, parfois, je sentais se lever une mystérieuse vague d’inquiétude, d’angoisse, de peur. L’anxiété et le songe grandissaient. Nous traversions de grandes villes, de petits villages avec leurs maisons aux toits de tuiles pointues, de larges rivières aux eaux martyrisées par les bateaux. Hambourg et son immense port hé...
LE LIVRE
LE LIVRE

Edelgard. Journal d’un rêve. 1948-1953 de « Je sens des désirs infinis de l’aimer », Ciudad Real

Dans le magazine
BOOKS n°123

DOSSIER

Faut-il restituer l'art africain ?

Chemin de traverse

13 faits & idées à glaner dans ce numéro

Edito

Une idée iconoclaste

par Olivier Postel-Vinay

Bestsellers

L’homme qui faisait chanter les cellules

par Ekaterina Dvinina

Voir le sommaire