Journal d’une guerre conjugale

Pendant quarante-huit ans, Sophie Tolstoï a tenu la chronique de ses démêlés matrimoniaux avec Léon, dont elle avait bien à se plaindre. Aucun des deux ne sort grandi de l’exercice.

Pourquoi tient-on un journal intime ? Sophie Tolstoï, elle, semble n’avoir tenu le sien que pour se plaindre de son mari Léon, et l’inciter à s’amender. « Sophie et Léon avaient en effet l’habitude, un peu maladive, de lire chacun le journal de l’autre… Ce qui ne simplifia pas leurs rapports », écrit Tania, leur petite-fille. Les choses avaient en effet mal commencé, et à cause d’un journal, déjà. À 18 ans, Sophie Behrs, jolie, intelligente et très amoureuse, épouse le célèbre Léon Tolstoï, 34 ans, un égocentrique hors concours, sexuellement insatiable. Quinze jours après leurs noces, Tolstoï communique à Sophie, en tremblant, son journal de célibataire : « Tout le passé de mon mari me paraît si horrifiant ! » gémit-elle face à la longue recension des nuits de débauche, de soûlerie et de jeu. « Je crois que jamais je ne m’y ferai ! » Mais la voilà piégée, sans autre ressource que d’utiliser son propre journal comme déversoir de ses frustrations. D’où 800 pages de récriminations contre « L. N. » (Léon Nicolaïevitch), époux indifférent, procréateur frénétique, et père désastreux. « Quand je me ...
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Journal intime, 1869-1910 de Journal d’une guerre conjugale, Albin Michel

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