Même pour les bienheureux qui apprécient
Finnegans Wake en anglais, paru en 1939, il y a des passages agréablement incompréhensibles, comme dans l’épisode « Anna Livia Plurabelle », où un développement s’achève par ces exclamations : « Wish a wish ! Why a why ! Mavro ! » Marco Sonzogni, un universitaire et poète italien passé de Pavie à Trinity College puis installé à Auckland en Nouvelle-Zélande, se livre à un amusant exercice archéologique sur le sens de ces derniers mots dans le
Times Literary Supplement. Mavro est d’abord une allusion à un vin des Pouilles, fait à partir du raisin le plus noir d’Italie, mais aussi une contraction de mavrone , tiré de l’irlandais
mo bhrón, qui veut dire en gros « hélas ». La formule « why a why », elle, est une allusion inattendue aux All Blacks de Nouvelle-Zélande et probablement, par contrecoup, aux chemises noires des fascistes italiens. La sœur préférée de Joyce, Gertrude, était bonne sœur en Nouvelle-Zélande et on lit dans sa nécrologie parue dans un journal néo-zélandais en 1964 qu’il lui avait demandé une transcription et une traduction du chant ...