Jules Laforgue et Leah Lee

Ils sont morts de la tuberculose à un an de distance. Lui d’abord, à 27 ans, sans le sou. Elle ensuite, à 26. Ils se sont aimés moins de deux ans, fiancés avant de s’être embrassés, mariés alors que leur santé vacillait déjà. Il était poète. Elle était son « Petit personnage », toujours « gaie et fantaisiste ».

Le 29 novembre 1881, le train de Paris arriva en gare de Coblence à 23 heures. Jules Laforgue était attendu par un vieux fiacre au cocher solennel. Au palais, un valet de pied le salua bien bas et lui ouvrit la porte sur des couloirs gardés par des sentinelles en casque à pointe. Une autre porte finit par lui être ouverte par un autre valet prosterné, à épaulettes dorées. C’étaient ses appartements, une suite de salles où il fut accueilli par deux serviteurs qui allumèrent un feu et lui servirent son dîner sur un plateau d’argent : viande froide, petits-fours. Les domestiques lui souhaitèrent une bonne nuit et il s’attabla tristement, se demandant si tout cela n’était qu’un rêve. Il écarta un lourd rideau et vit – confirmation de la simple vérité – la longue façade illuminée du palais et les gardes qui patrouillaient, fusil à l’épaule. Le lendemain, le petit déjeuner fut servi à Laforgue en même temps qu’un message : il devait faire une lecture ce soir-là à 20 h 30. Le cœur battant, vêtu de ses habits les plus propres, il parcourut les couloirs, passa devant les sentinelles, et gagna une piè...
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Moralités légendaires de Jules Laforgue et Leah Lee, Folio classique

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