Jules Renard, ce cryptogramme rustique

Si l’on cherche l’intrus dans Histoires naturelles, on y trouve surtout un absent : le renard. Jules ne s’y est pas risqué ; c’était un prudent. S’il s’indigne de l’affaire Dreyfus, c’est dans son Journal, pas dans le Mercure de France, dont il était le principal actionnaire (grâce à la dot de son épouse). Son nom, il s’en était discrètement moqué dans son premier roman, L’Écornifleur, mot utilisé par La Fontaine pour désigner ledit animal.

Si l’on cherche l’intrus dans Histoires naturelles, on y trouve surtout un absent : le renard. Jules ne s’y est pas risqué ; c’était un prudent. S’il s’indigne de l’affaire Dreyfus, c’est dans son Journal, pas dans le Mercure de France, dont il était le principal actionnaire (grâce à la dot de son épouse). Son nom, il s’en était discrètement moqué dans son premier roman, L’Écornifleur, mot utilisé par La Fontaine pour désigner ledit animal. Dans cette autofiction avant la lettre, il raconte une histoire de « demi-viol » (son expression), qui reste « choquante » aujourd’hui, écrit l’écrivain britannique Julian Barnes dans la London Review of Books. Là, il avait fait preuve de fermeté, refusant de céder à son éditeur, qui lui demandait de retirer un passage scabreux. Ce roman comporte aussi une innovation : le « dialogue intermittent », où les répliques viennent comme au théâtre, sans les inutiles « dit-il », « dit-elle »… Il en était fier, de cette innovation, jusqu’à ce qu’il découvre avoir été devancé par la comtesse de Ségur. Julian Barnes regrette que « son chef-d’œuvre », le <...
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Histoires naturelles, Flammarion

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