La dangereuse dérive de l’Europe

Il n’est pas vrai que la crise de l’euro est due à un excès d’État-providence. C’est tout le contraire. Les dirigeants européens ont sacrifié les démocraties nationales sur l’autel d’une vision naïve du marché. Les solutions qu’ils s’obstinent à préconiser renforcent un eurocapitalisme sans démocratie.

Les responsables de la crise de l’euro ont plus que jamais besoin d’un grand récit explicatif pour renforcer le soutien des citoyens à la politique des technocrates éclairés. Il n’est pas encore tout à fait au point, mais des bribes en ont déjà été communiquées : la crise résulterait pour l’essentiel de la dette excessive des États, elle-même due à des prestations sociales trop généreuses. Le sociologue de l’économie Wolf-gang Streeck règle son compte à ce discours. Et il va plus loin, analysant les raisons profondes qui ont conduit à l’éclatement de la crise, révélant la manière dont les commissaires européens, épaulés par les économistes du FMI et de la BCE, ont mis sur pied un régime de surveillance centralisé pour contrôler les parlements nationaux et leurs politiques budgétaire, sociale et industrielle. Cette solution avait notamment pour avantage de mettre les marchés à l’abri des impondérables de la politique nationale, encore influencée par des citoyens trop insubordonnés. Elle a donné naissance à ce qu’on pourrait appeler un eurocapitalisme sans démocratie. Comme le montre Streeck dans ce livre brillant, ...
LE LIVRE
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Du temps acheté de La dangereuse dérive de l’Europe, Gallimard

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