La fille du Tintoret

Le nouveau roman historique de Melania Mazzucco, La lunga attesa dell’angelo, ressemble à s’y méprendre à une autobiographie – celle de Jacomo Robusti, dit le Tintoret – dépeignant une bonne partie du XVIe siècle. Alité, vivant ses derniers jours, pris de fièvre et d’insomnie, le peintre raconte. La vie dans les ateliers, le commerce de l’art, les bagarres dans les tavernes, la peste, la prostitution et l’impressionnant incendie du Palais des Doges. « Le mode de son récit, visionnaire, souvent halluciné, prend la forme d’une longue confession devant Dieu », raconte Paolo Di Stefano dans le Corriere della Sera. Pourtant, plus qu’un roman historique sur les riches heures cosmopolites de la Sérénissime, le livre est avant tout un roman sur la paternité. Le Tintoret avait huit enfants, dont quatre filles. Elles iront toutes au couvent. Toutes, sauf Marietta, née d’une relation adultère avec une jeune allemande.
Marietta « est devenue un mythe, en particulier au XIXe siècle, mythe créé par son père », raconte Melania Mazzuco qui a mené l’enquête pendant cinq ans. Le peintre en aurait fait sa fille préférée et l’aurait initiée à la peinture. Au point que père et fille n’auraient plus fait qu’un. Ecoutons le Tintoret tel que le fait parler l’auteure : « Rien ne sert de la chercher dans ses tableaux, car elle les a peint à ma façon – pour être moi. Au début, c’est moi qui le lui demandais, ensuite ce furent les clients, et finalement elle l’exigeait d’elle-même ».
LE LIVRE
LE LIVRE

L’ange longtemps attendu de La fille du Tintoret, Rizzoli

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