Publié dans le magazine Books n° 35, septembre 2012. Par Fernando García Ramírez.
On le sait peu, mais c’est la CIA qui aida les « narcos » dans les années 1980 à mettre en place la route de la cocaïne vers les États-Unis, pour financer la lutte contre le marxisme. Avant cela, il n’y avait pas au Mexique de cartels, mais des trafiquants à la papa, qui n’avaient pas d’armes et payaient rubis sur l’ongle la dîme prélevée par l’État mexicain sur leurs petites affaires.
La stratégie du gouvernement Calderón était celle du combat frontal : l’armée et la police contre le narcotrafic. 50 000 soldats, 30 000 policiers fédéraux et des milliers d’agents locaux ont participé à la lutte. 120 milliards de pesos y ont été consacrés chaque année depuis 2006 (1). Tous ces effectifs et tout cet argent n’ont donné que
des résultats accablants.
Le recours à l’armée, pour pallier l’inefficacité de forces de police (municipales, régionales et fédérales) corrompues, s’est soldé également par un bilan douteux. À Ciudad Juárez, après l’arrivée de 8 000 soldats en 2009, la violence a été multipliée par dix. Les exactions des militaires contre la population civile sont de plus en plus fréquentes. Fin 2010, des télégrammes diplomatiques rendus publics par WikiLeaks ont révélé que de nombreux responsables américains et mexicains n’avaient plus confiance dans l’armée de terre et craignaient que toute information partagée avec celle-ci ne soit communiquée aux cartels. On privilégie donc désormais la marine, avec des hommes entraînés et équipés par les É...