La littérature coréenne s’exporte aussi

Tout le monde connaît Hyundai, Samsung et Daewoo. Mais qui peut citer un seul écrivain sud-coréen ? Un anonymat indigne de la puissance du pays, selon l’État. Séoul a donc élaboré une stratégie d’exportation de sa littérature, semblable à celle qui a si bien servi son industrie. Au prix d’une standardisation de son imaginaire ?

L’étranger de passage dans cette mégalopole mondialisée qu’est Séoul s’y sentira à bien des égards en terrain connu. Par exemple, dans une librairie de grande chaîne. Ces lieux à l’éclairage agressif, où l’on vend autant d’accessoires de smartphones que de livres et où la clientèle a des petites habitudes roublardes, lui rappelleront sans doute quelque chose. « Je jette un œil aux couvertures », explique Claire, la jeune Sud-Coréenne qui me fait visiter les lieux. « Si j’en trouve une qui me plaît, je rentre chez moi et j’achète le livre en ligne. » Claire et moi sommes en train de flâner au Kyobo Book Center de Gangnam, un quartier de la capitale coréenne. Celui que parodie le chanteur PSY dans Gangnam Style, tournant en ridicule le matérialisme et l’opulence de son pays. C’est là, sur ce vaste damier de grands boulevards, que se trouve le siège de Samsung ; là aussi que se donnent rendez-vous les noctambules, dans une atmosphère saturée de néons ; là enfin que les grandes marques internationales ont installé leurs avant-postes. Gangnam est l’emblème ...
LE LIVRE
LE LIVRE

La Mort à demi-mots de Kim Young-ha, Philippe Picquier, 2002

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