La mémoire retrouvée des déserteurs
Publié dans le magazine Books n° 47, octobre 2013.
Le 31 janvier 1945, Eddie Slovik, 25 ans, était passé par les armes dans un petit village d’Alsace. Il resterait dans l’histoire comme l’unique soldat américain fusillé pour désertion au cours de la Seconde Guerre mondiale. Alors que les combats entraient dans leur phase finale en Europe, il s’agissait pour l’état-major de faire un exemple afin de pallier le risque de défections massives. Cette réalité est longtemps restée taboue dans le monde anglo-saxon, tant elle écorne le mythe du soldat héroïque et de la « Greatest Generation » américaine. D’après l’ancien correspondant de guerre Charles Glass, environ 50 000 Américains et 100 000 Britanniques ont été enregistrés comme déserteurs à un moment ou un autre du conflit, le phénomène se cantonnant pour l’essentiel aux fronts d’Europe et d’Afrique du Nord (dans le Pacifique, il n’y avait le plus souvent nulle part où se réfugier).
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