La presse, hélas

Un quotidien londonien envoie un médiocre plumitif couvrir une guerre en Afrique. Evelyn Waugh signe avec Scoop l’une des plus dévastatrices satires de la presse jamais écrites.


La presse a souvent mauvaise presse. Montherlant qualifiait le journalisme de « tout-à-l’égout des ratés de l’écriture ». Dans son célébrissime Scoop, Evelyn Waugh, écrivain britannique de l’entre-deux guerres (et lui-même ancien journaliste) exprime le même dédain, mais avec infiniment plus d’humour et de raffinement, sinon de nuance. C’est la presse américaine qui a inventé le concept de scoop, d’après un verbe évoquant l’idée de recueillir quelque chose à la surface d’un liquide (un détritus probablement). Evelyn Waugh s’en empare pour intituler une pochade qui vilipende non seulement le journalisme et ses acteurs, mais aussi ses lecteurs et même ses victimes. Le héros (?), William Boot, un hobereau décati à la sexualité incertaine, vit dans un château de la campagne anglaise avec une fratrie d’invalides aux crochets d’une vieille nounou qui a la main heureuse au tiercé. Boot écrit aussi une chronique hebdomadaire sur la vie des champs dans le Daily Beast (la « Bête quotidienne », comprenez le Daily Mail), pour une guinée l’article (c’est la seule rentrée d’...
LE LIVRE
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Scoop de Evelyn Waugh, Robert Laffont, 2010

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