« La réparation du corps a des limites »
Publié dans le magazine Books n° 11, janvier-février 2010.
Ceux qui croient à la possibilité d’un allongement significatif de la durée de la vie se font des illusions et n’ont pas réfléchi aux conséquences psychologiques, sociales, politiques et économiques.
Au congrès mondial de gérontologie, qui s’est tenu à Paris en juillet 2009, une session organisée par Leonard Hayflick était intitulée : « Le vieillissement n’est plus un problème biologique non résolu ».
Qu’entendez-vous par cette formule : « Le vieillissement n’est plus un problème biologique non résolu » ?
Exactement ce que disent les mots. Nous sommes de nombreux spécialistes à penser comprendre aujourd’hui la cause biologique du vieillissement. C’est la même que celle du vieillissement non biologique : le second principe de lathermodynamique (1). Comme toutes les molécules, les molécules biologiques dissipent de l’énergie, perdant en intégrité structurelle et en capacité fonctionnelle. L’évolution a conféré à notre corps une énorme faculté de réparation des molécules déficientes – du moins jusqu’à la maturité, qui est l’âge de la reproduction. Si ce n’était pas le cas, l’espèce disparaîtrait. Mais, dès la fin de l’âge de la reproduction, l’accumulation des molécules déficientes excède les capacités de réparation. C’est cette ...