« Un aéroport devrait être nu, complètement nu sous le ciel, devant les champs et les pistes d'atterrissage », écrit Le Corbusier en 1946. Inversement, l’architecte visionnaire, un peu « fada » selon les Marseillais, ignorant les aspects pratiques, voulait les guichets au cœur même de la ville. La contradiction n’a pas échappé à Alastair Gordon, auteur d’une histoire culturelle des aéroports. Pour Owen Hatherley qui en rend compte dans
The New Statesman, celui-ci met en évidence une « distinction entre la conception de l’aéroport comme métaphore de la vitesse, de l’éphémère et du progrès d’un côté, et son usage de l’autre : centre commercial, construction panoptique et frontière bien gardée ».
C’est l’Europe qui, la première, a adopté la forme contemporaine de l’aéroport. En 1936, Berlin-Tempelhof était le plus grand du monde. Les Américains préférèrent déguiser les leurs en zones d’habitation « par peur d’attaques japonaises ou allemandes qui n’eurent jamais lieu », raconte Hatherley. Après la guerre, l’aéroport devient le lieu où s’incarnent l’optimisme et le progrès. L’...