L’amitié c’est de l’art
Publié le 1 décembre 2017. Par La rédaction de Books.
Le trottole del sobborgo, Carlo Erba
Emmanuel Macron est allé, cette semaine, porter des gages d’amitié au Burkina Faso, au Ghana et en Côte d’Ivoire. Mais de quelle sorte d’amitié peut-il s’agir ? Certains la soupçonnent d’être intéressée, d’autres d’être immorale.
L’amitié en elle-même n’a rien à voir avec l’éthique, assure Alexander Nehamas, professeur de philosophie à Princeton. Dans On Friendship, il rappelle que l’amitié n’est pas utilitaire. Elle n’est pas un moyen d’acquérir un meilleur statut, de se faire offrir des cadeaux ou même d’échapper à l’ennui. Elle est liée à l’appréciation d’une personne pour elle même. Si nous recherchons l’amitié, c’est parce qu’elle est une valeur. Selon Nehamas, elle se rapproche de l’art ou de la beauté, et non de la morale.
L’éthique veut que nous traitions chaque personne comme un égal. Or en amitié nous portons une préférence à nos amis. Nous sommes capables d’aider un ami d’une manière dont nous ne le ferions pas pour qui que ce soit d’autre. En outre, contrairement à la morale, l’amitié ne nous commande pas d’être bon. Des amis peuvent se faire du mal, s’insulter, se battre.
Il n’y a donc pas de comportements caractéristiques à l’amitié, ajoute Nehamas. Deux personnes peuvent faire la même action, rendre visite à quelqu’un à l’hôpital, et seulement l’un d’eux peut le faire par amitié. Selon Nehamas, l’amitié est inhérente à la vie et impliquée dans presque toute nos pensées, nos sentiments et nos actes, comme l’art et la beauté.
A lire dans Books : « Ami », vous avez dit « ami » ?, octobre 2010.