L’autoportrait en art majeur

Ce genre trop souvent négligé reflète bien davantage que le visage et l’âme de l’artiste. Il tend un miroir à la condition humaine tout entière.

Malgré les tombereaux d’articles consacrés au phénomène des « selfies », ces photos de soi postées sur Internet, nul n’a mis en lumière ce paradoxe, que souligne l’historienne de l’art Frances Spalding dans le Guardian (1) : alors que ces images envahissent les réseaux sociaux, l’autoportrait, genre artistique dont elles se rapprochent le plus, demeure l’un des plus méconnus. « En raison, peut-être, de son immense diversité ou de sa tendance à la boursouflure, ce genre reste négligé par les spécialistes », écrit Spalding. Une injustice que vient en partie corriger son confrère James Hall avec ce livre (2).  Saluée pour sa clarté et son érudition, son « histoire culturelle » a le mérite de dissiper quelques malentendus. À commencer par l’idée selon laquelle l’autoportrait serait d’essence purement narcissique. « L’autoportrait a rarement été une simple description de l’artiste par lui-même, rappelle Michael Prodger dans le Sunday Times. En reflétant sa propre image, le peintre tend un miroir à la condition humaine, dans tous ses aspects – doute, certitude, sentiment d’appartenance, aliénation. L’autoportrait est toujours double : portrait de l’artiste ...
LE LIVRE
LE LIVRE

The Self-Portrait: A Cultural History de James Hall, Thames and Hudson, 2014

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