Le démon de l’analogie

« Chaque fois que je sortais de chez moi, tout ce qui s’offrait à mon regard produisait immédiatement un effet analogique. La tour Eiffel se superposait à la tour de Belém, le bifteck dans mon assiette avait la tête de Chateaubriand, la crème anglaise coulait comme les chutes du Niagara ! Les comparaisons commençaient à me rendre fou. »

Je dois avouer n’avoir jamais lu certaines œuvres fondamentales de la littérature universelle. L’Odyssée, La Divine Comédie, Don Quichotte, et bien d’autres encore. Elles sont si nombreuses que, si j’en dressais la liste, on aurait de quoi faire une encyclopédie. Je me regarde dans la glace en songeant à cela, et j’aimerais me voir rougir de honte, mais je n’y arrive pas. Mon problème a commencé très tôt quand on m’a expliqué que, si je voulais devenir quelqu’un de cultivé, il me faudrait lire tous les classiques. J’ouvre ici une parenthèse. Enfant, lorsqu’on me demandait ce que je voulais être plus tard, je répondais : pompier, parachutiste, agent de la circulation. Mais jamais il ne m’aurait traversé l’esprit de vouloir devenir quelqu’un de cultivé. Ce que je voulais, c’était me trouver dans des endroits où tout le monde pourrait me voir : en haut d’une échelle en train d’éteindre un incendie ; sautant d’un avion en parachute en plein festival aéronautique ; sur la plus grande avenue de la ville, à un carrefour, ...

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