Le fascisme en farce tragique

Dès la Marche sur Rome, le projet dictatorial était mûr. Mais la prise du pouvoir aurait pu échouer.

 

Comment un événement aussi grotesque que la Marche sur Rome, qualifié par certains historiens d’« opéra-bouffe », a-t-il pu déboucher sur l’une des principales dictatures du XXe siècle ? Dans son nouvel ouvrage, le spécialiste du fascisme Emilio Gentile propose une lecture nouvelle du coup d’État de 1922. Selon lui, c’est bien à ce moment-là qu’est né le régime fasciste, et non en 1925, avec les « lois fascistissimes » qui transforment officiellement la monarchie parlementaire en régime autoritaire placé sous la direction du Duce. « Dès le départ, Mussolini poursuivait un projet totalitaire », soutient l’historien dans un entretien à la Repubblica. Simplement, bien des contemporains n’ont pas pris au sérieux ses rodomontades et n’ont retenu que les aspects ridicules de sa prise de pouvoir. « Cette tendance à la caricature s’est retrouvée ensuite dans bien des travaux, notamment anglo-saxons. » Gentile se concentre sur les acteurs individuels et leur responsabilité, en minorant notamment le rôle de Mussolini, beaucoup moins décisif que celui de son lieutenant Michele Bianchi. Et il entend montrer que rien n’était joué d’avance : « Si l’avis des ministres qui préconisaient l’emploi ...
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Soudain, le fascisme de Emilio Gentile, Gallimard, 2015

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