Le graveur qui annonçait la BD
Publié dans le magazine Books n° 38, décembre 2012. Par Valentín Vañó.
Longtemps ignorée des historiens de la BD, l’œuvre de Frans Masereel est redécouverte. Avec ses « romans en images » d’une rare intensité graphique, cet artiste belge de l’entre-deux-guerres a posé les bases, sans le savoir, du roman graphique moderne.
Ce bel et étrange objet graphique intitulé La Ville, que la maison d’édition madrilène Nórdica vient de rééditer en un fascinant format miniature (1), était, dès sa première parution allemande en 1925, un ouvrage pionnier à bien des égards. Il aura pourtant fallu près de quatre-vingt-dix ans pour le comprendre et réévaluer sa portée historique. Son auteur, Frans Masereel, n’était pas un dessinateur de bande dessinée, mais un artiste, ami de Stefan Zweig et du peintre allemand George Grosz. L’idée selon laquelle ses « romans en images » seraient en réalité les ancêtres du « roman graphique » d’aujourd’hui tient à la découverte récente d’une « histoire secrète de la bande dessinée », selon les mots d’Art Spiegelman, l’un des maîtres actuels du genre.
Caricaturiste politique, issu de la bourgeoisie flamande francophile, Frans Masereel, n’avait aucun lien avec l’industrie des comics de son époque. Militant pacifiste et antifasciste, c’était un expert de la gravure sur bois, la xylographie, dont il se servait pour réaliser ses « romans en images » : des histoires graphiques sans dialogue, formées d’une succession de ...
Cet article est réservé aux abonnés de Books
Je m'abonne, à partir de 4€ par mois
Déjà abonné ?
Je me connecte