Le mystère des mangeurs de terre

Le pica, la consommation de substances non comestibles, aiguisait déjà en 1800 la curiosité du naturaliste Humboldt, de passage en Amazonie. Deux siècles plus tard, nous savons que ce trouble de l’alimentation n’est réservé ni aux femmes, comme on l’a longtemps cru, ni aux « sauvages ». Mais les scientifiques s’interrogent toujours sur ses causes.

Le 6 juin 1800, un an environ après le début de son expédition en Amérique du Sud, le célèbre naturaliste allemand Alexander von Humboldt accosta à la mission d’Uruana, un petit village indien au bord du fleuve Orénoque, au Venezuela. Le site était stupéfiant, adossé à une montagne de granit et ponctué de gigantesques piliers de pierre s’élevant au-dessus de la forêt. Des semaines auparavant, Humboldt avait pu observer de mystérieux dessins au sommet de rochers semblables : ils avaient été peints, selon les autochtones, par des ancêtres qu’avaient portés là les eaux d’une grande crue. Malgré la faim et les accès de fièvre, Humboldt avait bon moral. Au cours des mois précédents, il avait vu une pluie de météorites, vécu son premier séisme et confirmé que les fleuves Orénoque et Amazone communiquaient par le canal naturel de Casiquiare ; il avait capturé des anguilles électriques et assisté à la dissection d’un lamantin ; et même si les moustiques étaient parfois nombreux au point d’obscurcir l’horizon et d’empêcher l’usage du sextant, même si des hordes ...
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Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent de Le mystère des mangeurs de terre, Slatkine Reprints

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