Le mythe de l’objectivité scientifique

Qu’est-ce qui distingue la méthode scientifique d’une autre ? De quoi parle-t-on lorsque l’on parle de sciences ? L’universitaire Tim Lewens offre, dans « La signification de la science », un résumé à la fois accessible et érudit des réponses apportées par la philosophie. Présenté comme une introduction à l’épistémologie, son livre est, « comme toutes les bonnes introductions, davantage un manifeste qu’un manuel », souligne Julian ­Baggini dans le Guardian. Lewens s’insurge contre l’empirisme de sa discipline, pour laquelle ni les valeurs, ni les partis pris n’ont droit de cité dans le travail scientifique. Une telle approche est de son point de vue intenable. Premièrement, la méthode scientifique implique nécessairement une part de subjectivité : « S’il est essentiel pour la science que ses théories soient fondées sur la preuve et qu’elles puissent être testées, une grande quantité de jugement est requise pour déterminer quelles expériences sont cruciales et quelle preuve est décisive », rapporte Baggini. De la même manière, il serait absurde d’affirmer que les préjugés ayant présidé à l’élaboration d’une théorie la disqualifient automatiquement. Darwin a probablement été influencé (comme l’en ont accusé Marx et Engels) par un concept de concurrence emprunté aux penseurs du libé­ralisme. Est-ce à dire que sa théorie de l’évolution est par ­définition fausse ? Pour peu qu’on lui applique des méthodes scientifiques, « la pensée motivée par des valeurs peut faire naître des idées qui s’élèvent au-dessus de leurs origines », résume Baggini.
LE LIVRE
LE LIVRE

La signification de la science  de Tim Lewens, Pelican, 2015

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