Publié dans le magazine Books n° 77, juin 2016.
L’événement littéraire du printemps outre-Rhin est un inédit de Siegfried Lenz, jugé trop antipatriotique en 1951.
Figure majeure de la scène littéraire allemande de l’après-guerre, Siegfried Lenz fut non seulement un écrivain de grand talent, mais l’un des plus populaires. « Ses ouvrages se sont écoulés en tout à 25 millions d’exemplaires », rappelle Volker Weidermann dans le
Spiegel. Lenz est décédé à l’automne 2014, mais il trône de nouveau en tête des meilleures ventes de livres outre-Rhin. Non pas pour un texte tardif, mais pour un roman irradiant de jeunesse, un « événement », à en croire Weidermann. Et pour cause, « Le transfuge » (c’est son titre) est le deuxième roman écrit par Lenz, au tout début des années 1950. Un texte resté inédit jusqu’à aujourd’hui.
« “Le transfuge” est un apport saisissant à l’œuvre de Lenz et à la littérature d’après guerre en général », juge Weidermann. Mieux : « La façon dont ce roman a été refusé puis est tombé dans l’oubli constitue un épisode remarquable de l’histoire allemande des mentalités. Un démenti à cette chimère qui veut qu’en mai 1945 l’Allemagne des ténèbres se soit métamorphosée presque du jour au lendemain en ...