Publié dans le magazine Books n° 22, mai 2011. Par James Mollison.
Une planche au milieu de la cuisine, un univers punk ou un amoncellement de peluches dans un décor acidulé… Travaillant sur les droits des enfants, le photographe James Mollison a choisi de montrer leur « chambre », ou ce qui en tient lieu. Un témoignage exceptionnel sur la réalité des inégalités. Il explique sa démarche dans l’introduction de son livre.
La chambre à coucher de mes souvenirs d’enfant est une petite pièce mansardée, sous le toit de la maison familiale, un pavillon jumelé d’Oxford. C’est là que j’ai dormi entre les âges de 5 et 19 ans. Au début, la pièce était décorée avec des animaux en bois rapportés du Kenya (où je suis né) et un ours en peluche fabriqué par ma mère. Puis, petit à petit, je me la suis appropriée. Tout au long de mon enfance, son contenu évolua au gré de mon identité, de mes intérêts et de mes aspirations. Parmi les personnages qui ont marqué l’histoire de ma chambre, il y a les figurines d’Action Man que j’avais achetées dans une brocante (dix pence chacune, je me souviens), une voiture Batman soutirée à un ami de mes parents, et Mumsie et Diddle-Dash, deux souris pour lesquelles j’avais construit un terrain de jeux à plusieurs étages avec des cagettes. À 9 ans, on m’a confié la responsabilité de choisir une nouvelle moquette. J’ai jeté mon dévolu sur un modèle en Nylon rouge vif à rayures noires et blanches. J’en é...