Les enfants, pour quoi faire ?
Publié dans le magazine Books n° 19, février 2011.
Artisan des grandes heures satiriques du New Yorker, l’humoriste Robert Benchley a pris un malin plaisir à tourner en dérision les théories du développement de l’enfant dans l’entre-deux-guerres. Il égratigne le couple soucieux de...
Artisan des grandes heures satiriques du New Yorker, l’humoriste Robert Benchley a pris un malin plaisir à tourner en dérision les théories du développement de l’enfant dans l’entre-deux-guerres. Il égratigne le couple soucieux de laisser son marmot « s’exprimer par lui-même » : « Je préfère ne pas interférer. Il a peut-être en lui ce qu’il faut pour devenir un sculpteur », lance une mère imaginaire lorsque la chair de sa chair entreprend de manger le mortier entre les briques de sa cheminée. Ou brocarde le président Coolidge, qui incitait les petits Américains à « cultiver l’art de bien faire en jouant ». Sa plume acérée n’épargna aucun défenseur de la bonne éducation. Plusieurs des billets réunis dans le petit recueil Les Enfants, pour quoi faire ? ont été réédités en anglais l’an dernier dans The Athletic Benchley. Qu’ils aient été écrits il y a plus de soixante-dix ans n’enlève rien à leur saveur, car « l’humour de Benchley a un charme intemporel », souligne un chroniqueur de Seattlepi.com, ravi de replonger dans cette œuvre « souvent absurde ».