Les Français n’ont jamais occulté la Shoah

Les historiens ont construit un récit selon lequel les Français n’auraient compris la signification de l’Holocauste qu’après la guerre des Six Jours, en 1967. C’est faux. En réalité, à partir des années 1970, nous avons voulu oublier que nous n’avions pas oublié, en raison à la fois de la mémoire refoulée de Vichy, d’une forme de sacralisation du génocide et de l’influence de la psychanalyse.

Comment, à partir de quand parle-t-on en France du génocide ? La Shoah est-elle d’emblée, c’est-à-dire dès la fin de la guerre, perçue comme telle, à savoir un crime exceptionnel, celui d’avoir pris pour cibles tous les Juifs sans exception ? Le but que s’est fixé François Azouvi dans ce livre est d’ébranler un consensus des historiens, une doxa qui a construit, depuis la fin des années 1970, une périodisation en trois temps jugée artificielle par l’auteur. Quels sont ces trois temps ? D’abord le « silence et le refoulement », puis un « retour à une identité juive à partir du choc de 1967 » (la guerre des Six Jours), enfin, « vers 1978-81, le croisement de la mémoire juive et de la mémoire de Vichy avec la mise au premier plan de la “Choa” ». Les deux cent quarante premières pages du livre démontent et démentent cette périodisation de manière méthodique et implacable, avec cependant une élégance et une déontologie exemplaires à l’égard des historiens français et américains que l’auteur critique. Depuis une trentaine d’années, l’historiographie de la mémoire du ...
LE LIVRE
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Le Mythe du grand silence de Les Français n’ont jamais occulté la Shoah, Fayard

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