Publié dans le magazine Books n° 66, juin 2015. Par Thomas Sittler.
Contrairement au cliché, les jeunes ne sont pas des monstres de narcissisme, obsédés par l’image de soi que véhiculent les réseaux sociaux. Ils sont au contraire plus désireux de s’engager au service des autres que les générations précédentes. Ils ont pour cela à leur disposition de nouveaux outils permettant de choisir intelligemment le bon geste. Cela peut-il suffire à rendre l’aide plus efficace ?
En mai 2013, la couverture du magazine
Time appelait « génération moi moi moi » les individus nés entre 1980 et 2000. La photo montrait une jeune femme prenant un selfie, acte emblématique de cette génération d’égoïstes narcissiques tous équipés d’un Smartphone. Pourtant, les enquêtes du Pew Research Center décrivent un groupe d’âge constitué de personnes empathiques, qui votent moins souvent mais sont plus susceptibles que leurs parents de faire du bénévolat. Selon toute vraisemblance, les membres de la génération dite « du millénaire » ont simplement une autre façon de faire, contribuant à la réinvention de l’altruisme et de la citoyenneté, tout en s’adaptant aux nouveaux modes d’action. C’est du moins le message plein d’espoir que reflète le titre du nouveau livre de Nicholas D. Kristof et Sheryl WuDunn, « Une nouvelle voie apparaît ». Dans la génération précédente, la leur, « “rendre ce qu’on a reçu” était ce que nous faisions en décembre, à l’aveuglette, le carnet de chèques à la main. Depuis quelques années, les progrès des neurosciences et de ...