Les Mille et Une Nuits, pas si arabes

Les Mille et Une Nuits ressortent en Allemagne, dans une traduction… du français. C’est l’une des toutes premières versions allemandes du texte. Signée Johann Heinrich Voß, elle remonte à la fin du XVIIIe siècle. Le succès ne fut pas au rendez-vous : l’éditeur ayant fait banqueroute, l’ouvrage tomba vite dans l’oubli et ne fut jamais réédité, rapporte Christian Meier dans le Neue Zürcher Zeitung. Pourquoi ressortir cette vieille traduction, au lieu d’une traduction directe de l’arabe ? Parce que, dans celle-ci, « presque chaque phrase est un ravissement », juge pour sa part Michael Maar dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Les Mille et Une Nuits ressortent en Allemagne, dans une traduction… du français. C’est l’une des toutes premières versions allemandes du texte. Signée Johann Heinrich Voß, elle remonte à la fin du XVIIIe siècle. Le succès ne fut pas au rendez-vous : l’éditeur ayant fait banqueroute, l’ouvrage tomba vite dans l’oubli et ne fut jamais réédité, rapporte Christian Meier dans le Neue Zürcher Zeitung. Pourquoi ressortir cette vieille traduction, au lieu d’une traduction directe de l’arabe ? Parce que, dans celle-ci, « presque chaque phrase est un ravissement », juge pour sa part Michael Maar dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung. La beauté de la langue doit beaucoup au texte « original » français. Comme le rappellent les critiques allemands, pendant tout le XVIIIe siècle et une grande partie du XIXe, Les Mille et Une Nuits ne furent connues en Europe que par le biais de leur premier introducteur, le Français Antoine Galland. C’est sur le texte établi par celui-ci entre 1704 et 1717, dans un style somptueux, que Voß a fondé sa traduction.

Mais Galland avait adapté ces histoires au goût du temps, les dépouillant en particulier de tout ce qu’elles pouvaient avoir de trop explicitement sexuel. Il avait aussi dû composer avec un corpus qui n’est pas clos, et on le soupçonna d’avoir inventé certaines aventures. « Plusieurs épisodes des Mille et une Nuits furent transmis oralement au Français par un chrétien maronite rencontré en Orient », explique Meier. Nombre de ces récits-là n’existent dans aucun manuscrit arabe. Ironie de l’histoire : ce sont souvent les contes les plus célèbres et les mieux écrits : « Ali Baba et les 40 voleurs » ou encore « Aladin et la lampe merveilleuse » ! Galland, quand il n’avait pas de texte original à suivre scrupuleusement, semble avoir volontiers donné libre cours à son imagination.

LE LIVRE
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Ali Baba et les 40 voleurs, C.H. Beck

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