Les nuits de rave de Berlin

Chaque semaine, les compagnies low cost déversent sur Berlin un flot de dix mille fêtards invétérés, venus s’étourdir trois jours et trois nuits durant : de musique techno, toujours ; de sexe, souvent ; de substances plus ou moins licites, parfois. La capitale allemande, avec sa vie quotidienne bon marché et son héritage libertaire, est devenue le rendez-vous préféré de l’easyJet-set des jeunes Européens. Dans un livre qui mêle réflexion sociologique et reportage, le journaliste Tobias Rapp raconte comment et pourquoi cette ville à l’épicentre du choc culturel de la réunification avait tout pour attirer la faune underground des années 2000. Le monde déjanté des clubs berlinois est devenu le lieu où s’exprime un nouvel hédonisme qui entretient des rapports ambigus avec la société néolibérale.

La soi-disant « nouvelle bourgeoisie » se développe irrésistiblement, tout particulièrement à Berlin – c’est du moins ce que soutiennent depuis un certain temps quelques journalistes culturels et autres sociologues vulgarisateurs (1). Et si ce n’était qu’à moitié vrai ? Tobias Rapp raconte une tout autre histoire dans Lost and Sound, celle des nuits techno berlinoises. Une plongée dans un monde parallèle pas vraiment porté sur l’éthique bourgeoise protestante (2). Une véritable économie du gaspillage et de l’oisiveté prospère entre Alexanderplatz et Ostbahnhof [dans l’ancien Berlin-Est]. Le samedi, pendant que les jeunes ménages font leur marché bio, les raveurs avalent des substances chimiques et se préparent pour le prochain after-hour. Un producteur de techno venu d’Ouzbékistan résume le rythme et les règles de ce monde-là : « Beaucoup ne font absolument rien. Ils glandent tout simplement et vivent comme quasiment aucune génération avant la nôtre n’a pu le faire. ». Tobias Rapp est journaliste culturel. Il part de ce simple constat : ces dernières années, la zone située entre Berlin Mitte et Kreuzberg [entre le centre-ville et un quartier sud de la ville] est ...
LE LIVRE
LE LIVRE

À sons perdus. Berlin, la techno et l’easyJet-set de Les nuits de rave de Berlin, Suhrkamp, Francfort-sur-le-Main, non traduit en français.

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