Lettre morte ?

Régulièrement enterrée (par le télégraphe, le téléphone, le fax…), la lettre va-t-elle succomber au numérique ? Avec l’e-mail, elle se heurte à forte partie. À moins que l’e-mail ne soit que sa prolongation. Comme certains insectes qui se transforment pour survivre, elle serait devenue ce papillon digital, l’e-mail. En témoignerait la touchante déférence des « messageries » envers la symbolique épistolaire (boîtes aux lettres, enveloppes, trombones, etc.). Mais certains nostalgiques, tel Simon Garfield, déplorent « tout ce qui est perdu avec la substitution de l’e-mail à la lettre » (1). À savoir : la « caresse » que représente une missive et surtout la matérialité de la lettre, garantie de son « intégrité intrinsèque ». Car la lettre papier peut  se palper, se triturer, se décortiquer ; on la hume et parfois on la baise, avant de la mettre dans un carton. La main qui l’a écrite est là, face au destinataire. On sait d’où elle a été postée, on peut suivre en esprit son long cheminement postal. L’e-mail, lui, explose soudain à l’écran pour en disparaître aussitôt, aspiré dans les entrailles digitales. Faut-il se désespérer ? ...

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